Il était une fois au siècle dernier… L’histoire d’Addes pourrait commencer comme un conte tant cette association a réussi en deux décennies à mettre en valeur le patrimoine naturel et culturel des monts d’Arrée.
L’aventure commence en 1999 quand trois jeunes de la petite commune de Botmeur (215 habitants) décident de créer une association pour vivre et travailler au pays, avec pour objectif la création d’emplois locaux, d’où l’acronyme Addes, « Association de développement économique et social ». C’est aussi un clin d’œil à Hadès, dieu grec des enfers qui ne serait pas dépaysé dans le Yeun-Elez que la légende considère comme l’une des portes de l’Enfer celtique…
Le tourisme leur paraît être un potentiel de développement, et ce d’autant plus que la Bretagne intérieure est alors négligée par rapport à la côte. L’opportunité des emplois-jeunes du gouvernement Jospin et le soutien de bénévoles plus âgés leur permettent de prendre en gérance le camping et un gîte d’étape, et surtout, ce qui était à l’époque novateur, de proposer en complément aux visiteurs des randonnées naturalistes, contées et musicales hors des sentiers battus. Six ans plus tard, l’association abandonne les hébergements pour se consacrer uniquement aux animations de pleine nature. Pour que l’activité ne dépende pas exclusivement de la clientèle touristique, elles sont programmées durant toute l’année et proposées aux groupes et aux établissements scolaires. L’ouverture d’un site Internet avec des réservations en ligne va permettre de développer la notoriété de l’association hors du centre-Bretagne et, conséquence, la fréquentation des randonnées.
Une belle aventure donc, mais une aventure dont le chemin fut bordé autant d’ajoncs que de genêts… Son activité venant troubler le fonctionnement du territoire — une petite île intérieure à l’époque rétive aux changements, Addes vécut alors sans subventions et parfois sans locaux ! Un rude apprentissage qui a poussé les animateurs et les bénévoles à innover sans cesse pour répondre au mieux aux attentes du public.
Aujourd’hui, Addes, toujours basée à Botmeur, emploie toute l’année cinq salariés et des intermittents du spectacle. L’association a également servi, et sert toujours, de tremplin (résidences, créations) à de nombreux musicien·ne·s, chanteur·euse·s et conteur·euse·s du territoire.
L’équipe d’Addes propose chaque année plus de 350 animations de pleine nature sous une quinzaine de formes différentes : découvertes botaniques, balades contées pour les enfants, marches sur les sommets, sorties au lever du jour, randos nocturnes, etc. Naturalistes, conteurs, chanteurs, marionnettistes et musiciens font vivre des moments exceptionnels aux quelques 13.000 participants annuels, un public d’enfants et d’adultes, des touristes et une majorité de Bretons. L’esprit de solidarité qui anime l’association l’a conduite à permettre aux personnes à mobilité réduite de randonner comme les autres grâce à la mise à disposition de joëlettes — des fauteuils tout-terrain à une roue, et d’accompagnateurs bénévoles.
Plusieurs temps forts rythment l’année à Botmeur comme le Carnaval des lutins, la Fête de la Bretagne et la semaine de la Toussaint qui voit une douzaine de comédiens réveiller l’Ankou lors de randos nocturnes en mettant en scène les légendes bretonnes à l’endroit précis où elles sont nées. Depuis quelques années, Addes assure également des prestations (contes, chants, spectacles) dans les centres de petite enfance, les établissements scolaires finistériens, les équipements culturels et même les maisons de retraite.
Les animations d’Addes sont également déclinées en langue bretonne avec un intérêt particulier porté aux classes bilingues. L’association est à ce titre en phase avec la population des monts d’Arrée qui fait du breton un élément à part entière de la vie sociale.
L’association travaille avec de nombreux partenaires en matière d’éducation à l’environnement, de création culturelle, d’éco-tourisme et de développement local. Elle est soutenue par les collectivités locales, le département, la Région et l’Etat mais elle s’autofinance néanmoins à plus de 80 % : une situation exceptionnelle dans le secteur de la culture et de l’éducation à l’environnement.
En 2020, 2021 et 2022 l’arrêt brutal des activités pendant plusieurs mois (pandémie de Covid-19 puis incendies dans les monts d’Arrée) a fragilisé cet équilibre économique, mais l’association a su faire face à ces coups du sort. Les balades contées et les randos insolites dans le Yeun-Elez et sur les crêtes de l’Arrée figurent plus que jamais au nombre des « expériences bretonnes » qu’il ne faut pas manquer. Bien plus qu’une simple activité de loisirs, elles incarnent la volonté de l’association faire partager à un maximum de personnes les valeurs humaines associées aux monts d’Arrée : authenticité, solidarité et respect de la nature. Une démarche approuvée par les korrigans…